Les abysses océaniques maintenant pollués


La sentence vient d’être publiée, ce lundi 13 février 2017, par la revue scientifique « Nature Ecology & Evolution » : même les zones océaniques les plus profondes et les plus intactes, les abysses, présenteraient des taux de polluants chimiques inquiétants. Les principaux accusés ? Les déversements illégaux de produits chimiques dans les mers et l’utilisation des pesticides, qui se répandent indirectement jusqu’au plus profond des océans.

Des océans méconnus et pourtant pollués
Les abysses, ou grands fonds océaniques, sont des zones hostiles à l’homme et peu connues, car très peu étudiées. C’est pourquoi elles ne sont pas particulièrement protégées, comme peuvent l’être les « aires marines protégées ». Ces aires, qui recouvrent environ 3,5 % de la surface totale des océans selon l’association World Wildlife Fund (WWF), sont créées dans le but de préserver la biodiversité marine et de gérer durablement les ressources naturelles. Préserver les océans est un enjeu environnemental du 21ème siècle, car les dégâts sont constatables à vue d’œil : plages polluées, « continent » de déchets, animaux intoxiqués etc., la liste est longue. Il semblerait logique de penser que de telles pollutions ne soient possibles que dans un environnement où l’homme peut directement agir, circuler ou pêcher. Pourtant, le rapport de « Nature Ecology & Evolution » indique que même les fonds marins les plus profonds et les plus inaccessibles de la Terre, les abysses, seraient touchés, c’est-à-dire au-delà de 10 000 mètres de profondeur.

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© iStockphotos

Des polluants cancérogènes
L’équipe de chercheurs à l’origine du rapport a d’abord prélevé des échantillons d’espèces à l’aide d’un robot sous-marin avant de les étudier. Le constat fait froid dans le dos : ils ont remarqué la présence de substances chimiques toxiques, comme par exemple les polychlorobiphényles (PCB), utilisés jusqu’aux années 1970 pour fabriquer des appareils électroniques. Considérées comme des polluants organiques persistants (POP), ces molécules chimiques s’accumulent dans les tissus vivants après avoir été avalées. Elles sont cancérigènes et impliquent alors de nombreux risques sur la santé humaine et animale, ainsi que sur l’environnement. Les abysses, jusqu’à présent considérés comme purs et intacts, sont désormais aussi touchés par les rejets illégaux ou non de produits toxiques appelés « déversements marins », générés par les industries humaines. Selon l’étude, dans la fosse des Mariannes, soit l’endroit connu le plus profond des océans (11 034 mètres), les taux de polluants les plus hauts relevés étaient 50 fois plus importants que ceux présents dans les crabes des rizières du fleuve Liao, un des plus pollués de Chine. Un constat alarmant.

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à consulter l’étude disponible en ligne en anglais.
Source : Jamieson, A. J. et al. Bioaccumulation of persistent organic pollutants in the deepest ocean fauna. Nat. Ecol. Evol. 1, 0051 (2017).

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