Les déchets électroniques ont augmenté de 21 % en 5 ans


Vieux téléphones, ordinateurs, piles, machines à laver... Chaque humain a produit 7,3 kilos de déchets électroniques en 2019, selon un rapport des Nations unies. Des déchets mal collectés et peu recyclés qui viennent le plus souvent polluer l'environnement. À qui la faute ? Peut-on freiner la tendance ?

L'humanité a produit 53,6 millions de tonnes de déchets électroniques en 2019, l'équivalent de 237 paquebots de croisière, tels que l'Harmony of the Sea, remplis à ras bord. C'est le constat accablant dressé par le dernier rapport de l'Union internationale des télécommunications, l'Université des Nations unies, Unitar et l'International Solid Waste Association. La montagne de vieux téléphones, appareils usagés et autres batteries a grossi de 21 % en cinq ans et pourrait atteindre 74 millions de tonnes en 2030, s'alarme l'organisation. L'Europe arrive en tête du classement, avec 16,2 kg de déchets par an et par habitant, suivie de l'Océanie (16,1 kilos) et de l'Amérique (13,3 kilos).

Des appareils électriques toujours plus nombreux et qui durent moins longtemps

Si la masse de DEEE (déchets d'équipements électriques et électroniques) augmente de façon aussi vertigineuse, c'est pour trois raisons principales : une forte consommation de biens électroniques, un renouvellement de plus en plus rapide et un faible taux de réparation. Selon l'Ademe, le nombre de smartphones vendus chaque année dans le monde a ainsi été multiplié par 12 depuis 10 ans. En France, un foyer possède en moyenne 99 appareils ! Et seuls 38 % les font réparer lorsqu'ils tombent en panne, selon une étude Ifop réalisée pour le ministère de la Transition écologique et solidaire.

Déchets électroniques : un si grand gaspillage

Sur les 53,6 millions de tonnes de déchets électroniques produites en 2019, seules 9,3 millions sont collectées et recyclées, soit 17,4 %. Le chiffre est heureusement plus élevé en Europe (42,5 % de recyclage) mais, dans les pays en développement, où il n'existe aucune filière règlementaire, la vaste majorité des appareils usagés est incinérée, enterrée ou abandonnée dans les dépotoirs. En Afrique, le taux de collecte et de recyclage ne dépasse pas... 0,9 %. Un immense gâchis quand on sait que les téléphones, ordinateurs, appareils photos, piles, condensateurs ou batteries contiennent jusqu’à 69 éléments, rappelle le rapport, dont des métaux précieux (or, argent, platine), des matériaux critiques (étain, zinc, cuivre) et d'autres métaux récupérables (fer, aluminium). Ce sont ainsi 25 millions de tonnes de matières premières estimées à 57 milliards de dollars qui partent en fumée ou rouillent dans les champs.

Trafic international illégal

La manne n'est pas perdue pour tout le monde. Les déchets électroniques font aussi l'objet d'un intense trafic transnational. Depuis la Convention de Bâle entrée en vigueur en 1992, il est en principe interdit d'exporter des déchets dangereux vers des pays tiers. Mais celle-ci n'est pas appliquée partout (les États-Unis ne sont par exemple pas signataires) et le rapport estime que 7 à 20 % des DEEE sont expédiés de manière illégale ou comme produits de seconde main vers les pays moins développés. En Afrique et en Asie, des milliers d'objets usagés sont démontés et brûlés afin de récupérer le cuivre ou les composants. Un travail souvent effectué par des enfants, exposés aux fumées toxiques dégagées par le plastique.

Déchets électroniques : un poison lent

Les déchets électroniques occasionnent bien d'autres méfaits sur la santé. Les métaux lourds et autres substances toxiques viennent polluer les rivières et contaminer l'ensemble de la chaîne alimentaire. Plus de 50 tonnes de mercure et 71.000 tonnes de BFR (retardateurs de flamme bromés) finissent dans la nature chaque année, estime le rapport. L'équivalent de 98 millions de tonnes de dioxyde de carbone de gaz réfrigérants sont par ailleurs relâchés dans l'atmosphère, l'équivalent des émissions annuelles de la Belgique.

Heureusement, il existe des bonnes nouvelles. Après la Chine, la Malaisie et l'Inde ont fermé leurs portes aux importations de déchets plastique. On observe également un ralentissement du cycle de renouvellement pour certains produits. En Europe, les consommateurs gardent ainsi leur smartphone 26,2 mois en moyenne en 2018 contre 23,4 mois en 2016, note l'institut Kantar Worldpanel. Hélas, ce n'est vraiment par conviction écologique, mais plutôt en raison de leur prix de plus en plus élevé.

Source : https://fr.weforum.org/

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